Jean-Jacques Dournon est né à Paris en 1953.
Il vit et travaille depuis 1999 à Port-Louis dans le Morbihan.

Élève au lycée technique de Sèvres en section artistique (1970-1973), il intègre l’école des Beaux-Arts de Saint-Étienne (1973-1977) en plein mouvement Support/Surface mais il y rencontre quelques difficultés avec l’enseignement prodigué. Bernard Ceysson son professeur d’ histoire de l’art le qualifie à l’époque de rebelle.

Il peint à l’huile sur toile les paysages de Rochetaillée où il habite, aime la série des arbres de Mondrian, les baignoires et les autoportraits de Bonnard, les aquarelles de Cézanne, les natures mortes de Morandi, les matières de Charchoune et les toiles et tempéras de son grand ami Arpad Szenes.

Diplômé national des Beaux-Arts, il revient à Paris où la Cité Internationale des Arts l’accueille entre 1977 et 1980.

Après avoir été lauréat du prix Fénéon en 1979, il quitte Paris afin de séjourner deux ans à Rome, à la Villa Médicis en tant que pensionnaire de l’Académie de France à Rome.

En 1986, il quitte à nouveau Paris pour séjourner 9 mois à Madrid, à la Casa de Vélasquez en tant que lauréat de la Ville de Paris.

En 2000, Jean-Jacques Dournon découvre le Vietnam où il reste 2 mois à dessiner sur le Mékong.

En 2006, le musée National d’Art Contemporain de Séoul l’invite pour une résidence d’artiste de 3 mois.

De ses nombreux voyages, il rapporte quantité de dessins et de peintures. Mais c’est en Bretagne qu’il se sent au plus près de ses émotions face au Paysage qui fait écho à sa sensibilité et à ses recherches : « Être dans la matière fusain, sur ses traces.» Vivre fusain comme disait son ami Henri Meschonnic. Durant cette période trouver la « couleur rétinienne » cette ambiance colorée qui nous enveloppe est un des leitmotivs de ses recherches.

En 2010, conscient de l’importance de la photographie de paysage, Jean-Jacques Dournon laisse aux photographes professionnels la représentation extérieure de la nature. Il se lance alors un nouveau défi: découvrir ses propres paysages, sa propre nature en élaborant une technique singulière à base de fusain, de pastels secs et de jus d’acrylique. Il abandonne le motif pour dessiner des paysages intérieurs guidés le plus souvent par l’actualité du monde. C’est ainsi que naissent les Dessins-Peintures sur de grandes feuilles de papier: les Monades, Les Territoires, les Paysages cosmiques, les Impacts  …

Dès 2007, apparaissent les premiers cheveux collés sur toile. Quelques années plus tard, ce composant organique sera mélangé à la sciure de bois, la poussière, la cendre pour créer une nouvelle matière, picturale et symbolique propre à l’artiste.

Au prix d’une liberté de création conquise jour après jour et 50 ans de pratique quotidienne, Jean-Jacques Dournon note :

« Peindre pour moi c’est vivre au plus près la transformation des éléments quels qu’ils soient, sans notion d’appris ou de savoir et accepter la jouissance de la nouveauté toujours ou presque au bord des couacs de la découverte et de la liberté. L’insoutenable légèreté de peindre où il est nécessaire d’éliminer le superflu et peindre uniquement ce qui doit l’être, matière humaine dans la matière peinture, ensemble dans le frais. 

Si sur certaines œuvres, je colle des cheveux, c’est que j’éprouve un besoin physique de le faire, oui une nécessité. De même pour la sciure de bois et la cendre.

Aujourd’hui, peindre n’est plus seulement transmettre une émotion quelle qu’elle soit, face à un paysage, une personne ou plus abstraitement transmettre un sentiment, mais c’est de plus en plus être en peinture, être DANS la peinture. C’est elle qui m’aide à peindre, à être peintre, à être en vie, vivant peintre. Chaque toile, chaque dessin est une éruption. Ce qui se trouve être dans ma peinture sont des scories de vie bouillonnante venues du plus profond de moi, le reste a moins d’importance.

L’être peintre, l’être peinture c’est au-dedans de lui que cela se passe. »

Dans ce magma de l’Avant Nommer, apparaissent peut-être les premières fleurs, celles d’avant le motif, des drôles d’oiseaux, des plantes, tandis que la couleur par touches effervescentes se fraye un chemin dans les failles de la matière.

Et si l’œuvre de Dournon remontait le temps de la création du monde ?